A travers les ages

Un cavalier légèrement inbibé arriva par un beau matin aux campement des blackfeet. Nul ne savait comment il avait pu arriver là, et encore moins comment il avait fait pour ne pas tomber de cheval avant d'arriver. A ses galons, il devait etre adjudant, ou un truc du genre, mais à sa tenue, meme un sergent n'en aurait pas voulu pour fantassin. Il était tout ce que le nord rejette, un homme formé par les canard, ou plutot par Le canard. L'homme qui arrivait ce matin chez les Blackfeet était Blueman, chef du 19th indiana, un iron men comme il s'annoncait en ce temps. Un alcoolique, auraient dit d'autres.

L'adjudant descendit de cheval avec prestance, chose peu croyable, et s'exprima ainsi :

Ugh frères rouges. Je ne sais si vous me donnez le droit de vous appeler frères, mais je viens ici en paix.

Alors que deux guerriers indiens, le voyant arriver de loin, avaient été chercher leurs armes, Blueman a leur vue, déposa ses armes à terre pour prouver que sa venue était pacifique

Messieurs, je suis à votre merci. Si je suis ici, c'est que j'ai été invité par le gardien du tronc des blackfeet pour exposer des idées aux indiens. Ces idées ne font pas l'unanimité au Nord, mais le 19th s'exprime par moi. Si vos sages sont pret à m'ecouter, je me tiens à leur disposition.

Blueman s'éloigna de quelques pas de ces armes, espérant que les Blackfeet, les seigneurs des plaines, ne seraient pas trop prompt à le scalper. Dans le doute, il avait emmener trois caisses de brandy, encore accrochée à sa selle, pour ne pas quitter ce monde sans son plus fidèle compagnon. En tout cas, il espérait que les indiens agiraient vite, car l'adjudant avait déjà vidé deux caisses en chemin, et la troisième ne ferait plus long feu. Et un iron men sans brandy, il s'appelle au choix Tom Joad ou Bobson... Autant dire la honte supreme.

S'approchant avec méfiance de l'homme blanc, Moinette sent le dégoût monter en elle à chaque pas qu'elle fait vers la "carcasse-gorgée-d'eau-de-mort". Après avoir récité quelques prières pour éloigner les esprits néfastes rodant autour de l'officier nordiste, la jeune shaman lui lance de la terre en plein visage et crie :
Tu sens la mort, homme blanc... Pas seulement celle du corps, surtout celle de l'âme ! Ton eau meurtrière n'est pas la bienvenue en ce campement.

Elle s'avance encore et passe son doigt sur la tunique du soldat. Elle exhibe ensuite la crasse et la poussière sur son index et poursuit en prenant à témoin les quelques papooses autour d'elle :
Il s'imagine pouvoirs rencontrer nos sages, discuter avec nos guerriers et côtoyer les âmes de nos ancêtres. Même nos cochons refuseraient sa compagnie !

La Shaman le prend par le bras puis l'entraîne à l'écart, elle désigne ensuite la rivière et lui dit d'un ton neutre :
Tu trouveras la rivière dans cette direction. Débarrasse toi de ta crasse et occupe toi de ton cheval.
Une fois que tu seras propre et que l'odeur de l'alcool t'aura quitté, alors tu pourras rencontré ceux qui dirigent notre tribu...

Après qu'une jeune indienne se soit approchée de lui, et ait constaté la crasse qui le recouvrait, elle l'emmena d'une main ferme vers la rivière, lui demandant de se rendre plus présentable pour rencontrer les sages de la tribu. Il n'avait juste pas compris la poignée de terre qu'elle lui avait lancé à la figure, craignant que par là, elle ne le maudisse sur plusieurs générations. Cette femme devait etre une des mystiques du peuple des plaines, une shamane comme ils les appellent. Mais il avait bien compris que son brandy devrait etre laissé loin du village si il comptait repartir avec son scalp. Pour une fois, la première depuis le début de la guerre, il devrait etre totalement sobre. Mais comment les guerriers rouges pouvaient t'ils tenir ? buvaient ils en cachette quand leurs shamanes et hommes sorciers étaient au loin à interroger les dieux ? Blueman sortit de ses réflexions au regard menacant de l'indienne

Je vais m'occuper de mon cheval en premier, m'ame. Il m'a porté sur de longues lieues, et il mérite bien du repos.

Blueman partit attacher son cheval à un arbre voisin. Après l'avoir quelque peu bouchonner, il prit l'uniforme propre qu'il avait emmené dans ses fontes, et partit à la rivière enlevait la crasse du voyage.

Quelques longues minutes plus tard, Blueman revint dans une tenue des plus pompante, digne des cérémonies d'intronisation des nouveaux gradés au mess nordistes. Il était méconnaissable, Canardo se serait pendu pour le voir ne serait ce qu'une fois en cette tenue de clown. Mais l'occasion de parler aux sages des blackfeet se devait de respecter un certain cérémonial, et c'est donc un homme propre et bien habillé qui vient se représenter devant l'indienne. Il s'était meme rasé, ce qui ne lui était plus arrivé depuis le début de ce terrible conflit.

Me revoici plus présentable, m'ame. Par contre évitez de faire boire les bêtes en aval jusqu'à demain, je voudrai pas etre responsable de leur empoisonnement. J'ai vidé mon eau de feu dans la rivière pour ne point tenter vos braves et les éloigner de leur culte. Je me tiens à votre disposition, à vous de voir ce que vous voulez bien faire de moi.

Le guerrier blackfeet observe l'arrivée de la tunique bleue et sourit lors de son altercation avec la jeune shaman blackfeet.

Puis une fois que celui ci se soit changé, il s'approche de lui.

Oki homme blanc,

Mon nom est erespoe et je suis curieux d'entendre ce que tu as à nous dire, quoi que ce soit faisons le au calme et en partageant un repas et si tu le souhaites un calumet.
Suis moi, je te conduis dans le tipi où le conseil des braves et notre chef aigle agile t'acceuilleront et t'écouteront.

Blueman vit arriver vers lui un guerrier, qui devait etre important pour les blackfeet vu le nombre de plumes qu'il portait sur sa coiffe. A supposer que ceci veuille dire quelque chose, mais dans ses vieux livres d'explorateurs depuis longtemps morts et enterrés, Blueman croyait avoir lu que les plumes se gagnaient par le courage et le service rendu à la tribu, que ce soit à la chasse ou à la guerre. Encore une chose à vérifier auprès de ses hôtes.

Voyant que le guerrier n'avait aucune intention belliqueuse, les épaules de Blueman se dénouèrent et se relachèrent, il aurait encore un peu de temps à vivre.

How, Erespoe. L'invitation des braves me va droit au coeur, et j'accepte de bon gré de vous suivre dans le tipi du conseil. Puisse ton peuple m'excuser si j'ai été grossier avec votre shamane.

Après une rapide courbette, pour ponctuer ses paroles, Blueman suivit Erespoe dans le tipi d'aigle agile...

Tout en faisant route vers le grand tipi dans lequel le conseil des braves recoient les guerrier tuniques bleus, erespoe interpelle une squaw, lui demandant d'apporter de la nourriture à leur hote.

Désignant l'entrée du tipi au nordiste, erespoe s'adresse à lui.

C'est ici que nous recevons nos visiteurs de ton armée, mais si tu souhaites des palabres plus "discrète", je t'emmenerai ailleurs.
En attendant l'arrivée d'aigle agile peut étre pourras tu discuter avec certaines personnes de ton peuple qui nous rendent visite de temps à autre.

[HRP] Je t'ai ouvert l'accès au tipi des nordistes.

Moinette suit d'assez loin le cortège conduit par Erespoe.
Elle croit détenir un certain pouvoir sur l'homme blanc, et ça l'emplit de fierté. Mais elle oublie très vite cette idée, si le soldat unioniste a cédé si vite et sans discuter à ses différentes exigences, c'est uniquement par peur d'être scalpé par la tribu. La jeune Shamane s'en veut finalement d'avoir été si dure et insultante. Enfin, il l'avait bien cherché... se présenter ainsi devant nos sages, inadmissible !

Quoi qu'il en soit le résultat est surprenant, impossible de dire si c'est la vue des tomahawks qui le rend mal à l'aise ou bien si c'est son costume d'apparat.

Avant de rejoindre les guerriers dans la tente du chef, Moinette passe par sa hutte. Elle en ressort vêtue d'une robe blanche, embellie par d'imposantes boucles d'oreilles et par quelques colliers en os.
Elle entre tout sourire dans le grand tipi et s'assoit à coté de son frère, Moinekerien.

Mais personne ne la complimente !
"C'est insensé ! Tous des rustres !" murmure t-elle avant de se reculer pour s'allonger sur une peau de bison.

Suivant Erespoe, Blueman sentit un frisson lui courir entre les omoplates, comme si un regard insistant lui piquait le dos. Se retournant légèrement, il vit la shamane s'engouffrer dans une tente, surement la tente des shamanes. Il avait adoré leur petite altercation. Que de mieux qu'une femme de caractère qui ne se laisse pas faire ? Les civilisées, commes elles se considéraient, n'étaient que de pâles figure à côté de cette farouche indienne. Mais ces pensées n'étaient pas digne de lui, il était invité par les blackfeet à des palabres, et faire des avances à la shamane du clan ne serait surement pas bien vu. Sortant de ses réflexions, Blueman s'apercut que Erespoe le fixait, Lui tenant la tenture du tipi ouverte. Blueman lui fit un rapide salut et s'engouffra dans la tente.

Aigle agile ne se fit pas attendre, et Blueman s'exprima. La shamane entra dans le tipi des braves pendant sa diatribe, et il s'apercut que la belle indienne avait revetu une grande robe blanche. Si ce n'est ses multiples colliers et les grands anneaux qu'il portait aux oreilles, Blueman aurait cru que l'indienne s'était fait belle pour lui. Mais que d'egocentricité. Si la shamane avait revetu une telle tenue, c'était certainement pour des raisons mystiques auxquelles il ne comprendrait jamais rien. Blueman poursuivit son discours, et s'assit aux cotés d'aigle agile comme celui ci l'y avait invité. De sa place, il voyait la shamane allongée en retrait sur une peau de bison.

Homme blanc, les sages n'ont pas encore pris leur décision, et il te faudra etre un peu patient je le crains, lui annonca aigle agile

Aucun problème, j'ai tout mon temps, si le chef des blackfeet l'accepte, je planterai ma tente en bordure de votre village pour pouvoir attendre votre décision..

Remarquant le regard du Nordiste posé sur sa soeur, Moinekerien se retourne vers cette dernière avec un large sourire moqueur.
"Tu te fais belle pour l'officier nordiste, petite soeur ?"

Elle lui jette un regard noir auquel il répond par une petite claque affectueuse sur la joue avant de poursuivre toujours sur le ton de la rigolade:
"J'avais pensé te présenter à quelques chefs indiens, afin que tu puisses..."
Moinette le coupe par une lourde gifle se rendant compte immédiatement que sa réaction fut démesurée. Le sourire du guerrier se transforme en rictus. Rouge de colère et de honte, il hésite quelques secondes mais se retourne finalement sans dire un mot.

Durant toute la discussion, Moinekerien, d'ordinaire bavard, se contente d'hocher la tête après les paroles d'Aigle Agile. Lorsque les combattants n'ont plus rien à dire et que le Chef met un terme aux palabres, Moinkerien attend que la tente soit déserte pour regarder sa soeur. Elle lui demande timidement pardon, et il accepte, retrouvant par la même occasion son sourire.
"Tu es ma seule famille, petite soeur, je ne peux pas me permettre de te perdre.
En attendant, il te plait réellement le dos-bleu ?"

Elle ne répond pas puis sort du tipi après avoir déposé un baiser sur le front de son frère...

Elle était allongée derrière un massif guerrier, qui croisa plusieurs fois son regard. Peut-etre son mari, si c'est ainsi qu'ils les appelaient. Ou en tout cas son homme, on ne peut faire plus simple. Toujours est-il que la farouche jeune femme lui colla une gifle mémorable au cours des palabres, qui aurait assomé un bison en pleine force de l'âge, mais le guerrier ne broncha pas et resta on ne peut plus stoïque. Personne à part lui n'avait semblé remarquer la petite altercation des deux indiens.

Alors que les palabres arrivaient à leurs termes, Aigle Agle invita Blueman à sortir du tipi pour aller s'installer. Tous les guerriers sortirent un à un pour retourner vaquer à leurs occupations journalières. Mais la belle shamane et le guerrier ne bougèrent pas, et Blueman fut bien obligé de suivre le chef indien.

Tu peux installer ta tente ici, homme blanc.

Merci bien.

Alors qu'il commencait à défaire son paquetage, et qu'Aigle Agile était retourné à ses affaires, Blueman fut pris d'un doute lorsqu'il se souvint de la baffe. Et si le guerrier cherchait à se venger sur la pauvre et frele jeune femme ? Elle qui n'avait pas réussi à lui tirer la moindre émotion ? L'adjudant repartit vers le tipi des braves, bien décidé à sortir la shamane de là. Alors qu'il arrivait proche de l'entrée du tipi, la voici qui se retrouva nez à nez avec lui, sa robe rayonnant sous les rayons du soleil. Les joues de Blueman se couvrirent de rouge, ne sachant que lui dire.

Euh, miss, je venais juste vous demander si... euh... si je pouvais ....

Après avoir abandonné son frère, la Shaman s'apprête à regagner sa hutte lorsqu'elle est apostrophée par l'officier nordiste. Ce dernier semble gêné, ce qui fait sourire la jeune femme. Il bredouille ensuite quelques mots sans finir sa phrase.

Sans quitter son sourire, elle lui répond d'une voix si douce et si chaleureuse qu'elle en est elle même surprise :
Parle, officier... Je ne vais pas te manger.

Elle saisit une besace et un couteau.
Je dois partir dans la forêt, récolter plantes, racines et champignons. Accompagne-moi, peut être qu'en route tu retrouveras l'usage de la parole. Ajoute t-elle, une pointe d'espiéglerie dans la voix.

Alors que la jeune shamane souriait de son embarras, elle l'invita d'une voix très douce à parler librement. Incroyable comment la douceur cotoyait la force chez cette belle indienne.

Euh très bien, je veux bien t'accompagner en foret. Peut-etre pourra tu m'en apprendre un peu plus sur ton peuple... et sur toi.... Mais ne dois tu pas prévenir ton guerrier que tu quittes le village ? Il jugera peut-etre que je ne te fais pas bonne escorte, et je ne veux surtout pas t'attirer d'ennuis.

L'indienne, vexée par les dernières paroles de l'homme blanc, le foudroie du regard...

Tu ne me juges pas assez forte pour survivre à quelques heures dans les bois ?
Si je t'ai demandé de venir, ce n'est certainement pas pour que tu me serves d'escorte. Je souhaitais en savoir plus sur toi...

Mais tout compte fait, je ne suis pas certaine de vouloir que tu m'accompagnes. Annonce t-elle sèchement avant de prendre la direction de la foret d'un pas pressé.

Je vis pour et avec les esprits ! Si un jour il pénétrait dans cette forêt, c'est lui qui aurait besoin de mon aide ! Se murmure t-elle avant de se retourner pour hurler :
C'est mon frère, ce n'est pas MON guerrier !

Tout s'emballa. La jeune femme n'avait pas compris que par escorte, il souhaitait exprimer galante compagnie. Après celà, elle l'avait foudroyé de ses si beaux yeux. Elle était heurtée qu'elle ait pu lui paraitre faible et non amène à se défendre seule. Mais comment lui expliquer, comment ? Blueman flottait sur son petit nuage, et l'atterissage avait été des plus brutaux.

Elle prit la direction de la foret d'un pas pressé, avant de se retourner pour lui hurler :

C'est mon frère, ce n'est pas MON guerrier !

Ainsi donc ce grand gaillard n'était il que son frère...

Sortant de ses pensées, l'adjudant courut à la suite de la shamane en tentant de ne pas se laisser distancer, mais son costume d'apparat n'était pas ce qu'il y a de plus pratique pour courir. La shamane s'enfonca dans un bosquet. Blueman y entra quelques instants plus tard, et déboucha sur une clairière. De nombreuses sentes en partaient, et aucune trace de la jeune femme. Le nordiste n'avait pas le talent pour suivre une piste des scouts indiens que l'armée engagait. Aucun moyen pour lui de retrouver l'indienne. Se laissant quelque peu gagner par le découragement, il s'assit sur le tronc d'un vieil arbre que la foudre avait abattu. Puis après quelques instants, il se décida enfin à prendre une des sentes qui s'enfoncait vers le coeur des bois, où la shamane lui avait dit vouloir récolter des plantes et des champignons...

Moinette s'en veut brusquement de jouer ainsi avec l'homme blanc. Il est mauvais pisteur, il ne sait pas où il va, et pourtant il avance, persuadé qu'il finira par tomber sur elle...
La Shaman suit un chemin parallèle à celui emprunté par le soldat, dégagé depuis quelques semaines par les chasseurs de la tribu. Elle l'observe puis, attendrie par son obstination et son courage, elle décide de mettre un terme à son calvaire en le rejoignant.

Elle ne peut se retenir de rire lorsqu'elle l'aperçoit assis dans les ronces, les vêtements déchirés et le corps meurtris de dizaines d'écorchures. Elle s'approche de lui et s'assoit à ses cotés tout en veillant à ne pas abîmer sa robe.

Tu t'es montré brave... Certes ça te coûte un uniforme neuf et quelques jours de soins, mais ton geste excuse à mes yeux tes paroles passées.

La Shaman sort de sa besace quelques onguents et commence à en appliquer sur les différentes plaies de l'adjudant nordiste.
De quoi voulais-tu me parler devant la tente d'Aigle Agile ?

Là voilà qui apparait devant lui, un grand sourire au lèvre de le voir affalé dans les ronces. Un sentiment de honte monte brusquement en lui, mais la bonne humeur de la shamane est contagieuse, et il ne bientot plus se retenir de rire de lui même.

La jeune femme lui a pardonné ses propos, et sort de sa besace des petits pots de terre cuite qui contiennent des baumes qu'elle a du confectionner elle meme. On est bien loin de l'industrialisation de la médecine nordiste... Alors qu'elle le soigne avec delicatesse, elle lui demande :

De quoi voulais-tu me parler devant la tente d'Aigle Agile ?

Comment lui avouer qu'il a eu peur pour elle ? Elle risquerait de très mal le prendre, croyant peut-être qu'il l'avait encore crue faible. Réfléchissant très vite, il commence à parler...

En fait, je ne sais même pas ton nom, miss, et je n'avais pas eu le temps de te remercier. Euh je peux te tutoyer ? Nombres de nourrices occidentales m'auraient déjà chasser à coup de balais si je m'était permi de tutoyer leurs protégées.

Tout en s'affairant à soigner ses blessures, elle lui répond avec un brin de tristesse dans la voix :
Biensur que tu peux me tutoyer, pourquoi mettre tant de distance entre deux personnes ? Ce "vous" est une bien triste invention.

Une fois les différentes plaies recouvertes du précieux cicatrisant, elle range méticuleusement les pots dans sa besace. Elle se lève et l'invite à la suivre en lui tendant sa main. Il la saisit et se laisse conduire jusqu'à la source d'un ruisseau. La Shaman s'y rafraîchit quelques secondes, se mouillant la nuque et le front. Elle s'adosse à un tronc d'arbre et prend à nouveau la parole :
Je me nomme Moinette, pour l'instant... Car il me faut attendre un vrai nom, celui qui me sera donné après un événement particulier. Et toi, bel officier, quel est ton nom ?

Alors qu'elle le conduit vers un petit ruisseau en le tenant par la main, Blueman ne peut qu'admirer la grace avec laquelle la jeune shamane se déplace. Après s'être raffraichie, elle lui annonce s'appeler Moinette, en attendant un autre nom...

Moinette... Un bien joli nom je dois dire. Mais quel est cet évènement particulier qui doit te donner ton vrai nom ? Une communion avec les esprits ? Je ne connais pas vraiment les cultures de ton peuple, à peine ce qu'en disent les récits que j'ai lu étant enfant, et je crois qu'il y avait dedans une grande part d'affabulations. Moi mon nom c'est Blueman, juste Blueman. C'est comme ca qu'on m'appelle depuis un bout de temps, mais je t'avoue ne plus me souvenir du nom qui me fut donné par mes parents. C'est ainsi qu'on m'appelle chez les dos bleus, et jusqu'à présent, celà m'a toujours été.

Les yeux de Blueman s'enfoncait dans le vague de l'âme. Voilà bien longtemps qu'il n'avait plus parlé de ses parents, parents dont il ne se souvenait plus. A trois ans il avait été placé en orphelinat, où les matricules remplacent l'amour, et il s'était ensuite engager chez les tuniques bleus pour mourir plus vite au combat. Mais contre toute attente, malgré de multiples captures par les johny rebs, il avait survécu à 3 campagnes meurtrières et avait grmpé les échelons jusqu'à diriger une compagnie, une compagnie d'alcooliques comme lui qui ne pensaient qu'à boire et charger les lignes ennemies...

Mais assez parlé de moi, dis m'en plus sur toi, et ton enfance chez les blackfeet. Etre shamane doit etre une très lourde responsabilité.

Lisant la tristesse de Blueman dans ses yeux lorsqu'il évoque son enfance, Moinette préfère ne pas le questionner sur ce sujet... Elle se contente donc de répondre à ses questions.

J'ai été recueillie par mon frère lorsque je n'étais encore qu'une papoose, je n'ai pas reçu de nom à ma naissance. J'attends donc qu'un évènement, qu'un fait particulier se présente dans ma vie. Je n'ai pas d'autres explications à te donner car je ne sais pas moi même ce qui m'attend...

L'indienne se saisit d'une petite bourse en cuir de daim accrochée à sa ceinture. Elle y plonge la main et en sort une poignée de pemmican. Elle place la viande séchée dans une feuille puis la tend au Nordiste...

Les esprits m'ont placé dans la tribu Blackfeet alors que je n'étais qu'une enfant. Je leur serais éternellement reconnaissante pour ce cadeau... C'est sûrement l'une des raisons qui m'a poussé à suivre l'enseignement Shamanique. Certes la fonction est contraignante, mais elle me procure d'avantages de plaisir que de peine.

La belle indienne sort du pemmican qu'elle dépose sur une feuille avant de la lui tendre. Voilà bien des mois qu'il n'a plus manger de cette nourriture indienne. Lorsque le 19th avait laissé l'union indienne du levant et Doubar courvrir leurs arrières et retenir le plus longtemps possible les Born to Kill, une course poursuite avait eu lieu pendant laquelle les soldats n'avaient pas eu le temps de chasser de quoi subsister, et le pemmican indien avait sauvé sa compagnie d'une mort certaine. Blueman recut donc la feuille avec déférence, et se mit à manger doucement la viande séchée en écoutant la jeune indienne.

Ainsi donc ton frère est ton frère de coeur, mais vous n'êtes pas issus des mêmes parents ? Tu ne sembles pas plus connaitre que moi tes origines, mais je vois que tu as eu tout l'amour dont tu avais besoin chez les blackfeet. Ce doit etre un grand honneur pour toi de les remercier, tes pères adoptifs et les esprits, que d'etre devenu shamane de la tribu.

Blueman aurait pu se noyer dans les yeux de Moinette. Un rayon de soleil qui passe à travers les branches semble soudain l'illuminer comme une aura divine. Mais il baisse rapidement les yeux, honteux de la dévorer ainsi. Mais quelque chose l'attire en elle, un sentiment qu'il n'a jamais ressenti depuis des années. Relevant les yeux, l'effet d'optique a disparu, et la jeune indienne le regarde dans les yeux, un petit sourire aux lèvres.

Moinette, il faut que je t'avoue que si tu ne m'avais pas rejoint dans les ronces, je n'aurais jamais retrouvé le campement. Voilà, comme ca tu sais que si je t'indispose trop, tu peux te sauver, lui dit'il avec un petit clin d'oeil.

La squaw, amusée d'être ainsi déshabillée du regard par le nordiste, en rajoute un peu en jouant avec ses cheveux. Une telle attitude de la part d'un autre homme provoquerait sans aucun doute la colère de la jeune femme... Mais ici, dans cette foret, seule avec l'adjudant Blueman, elle ne ressent que le bonheur qui l'envahit progressivement.

Sortant de ses songes, elle écoute le nordiste la complimenter...
Il te manque quelques notions de pistages, c'est certain. Peut être que tu trouveras au village des guerriers prêts à t'enseigner les bases.
Mais brave comme tu es, si je t'avais laissé dans les ronces, tu te serais taillé un chemin jusqu'aux Grands Lacs. Ajoute t-elle en riant...

Moinette se lève et s'approche du dos-bleu. Elle dépose un baiser sur sa joue puis lui dit :
Je te remercie pour la compagnie et la conversation, mais il est temps de regagner le village...

Un baiser sur sa joue... Il reste quelques instants immobile, le coeur palpitant. Jamais il n'avait senti de tels frissons lui parcourirent le corps. Un simple baiser qu'il n'était pas pret d'oublier...

C'est à moi de te remercier pour la compagnie. Voilà un bon moment que je n'avais pas pris le temps de discuter de choses et d'autres avec quelqu'un sans que la guerre ne vienne sur le tapis.

Et voilà, il avait le luxe pour tout gacher, et son démon de la guerre reprenait le dessus. Mais cette fois, Blueman était bel et bien décidé à oublier le sang et les cris... pour une fois qu'il avait trouver charmante compagnie qui lui accorda quelque peu d'attention...

Je crains qu'en attendant les cours de pistage des guerriers du village, il ne me faille m'en recourir à toi pour notre retour chez toi. Même si les grands lacs sont très beaux en cette saison, certains risquent de s'inquiéter de ton non retour, lui lanca t'il avec un grand sourire. je te suis jeune demoiselle, et j'espère que tu as le sens de l'orientation .

Si ils doivent s'inquiéter pour quelqu'un, c'est pour toi... Je connais cette forêt comme ma poche, nous ne nous perdrons que si je le souhaite.
Et en effet, quelques heures plus tard, le soleil décline et ils ne sont toujours pas rentrés au village.

Feignant l'agacement, Moinette regarde à droite puis à gauche avant de se retourner vers le nordiste pour lui dire :
Je ne comprends pas, j'étais persuadé qu'il fallait suivre ce chemin.

Elle le guide ensuite jusqu'à une grotte. Elle y dépose ses affaires et part dans la foret, laissant l'officier nordiste seul et sans consignes particulières...